Avec le développement rapide des usines, la main d’œuvre afflue au Creusot et la population augmente, rendant nécessaire la construction de cités ouvrières.
Dans la première moitié du XIXe siècle, les ouvriers sont d’abord logés dans des casernes, de grands ensembles avant l’heure. On peut compter jusqu’à 130 logements et des espaces communs dans un seul bâtiment. Cependant, la promiscuité induite par ce type de construction peut poser des problèmes d’hygiène, ou bien servir d’incubateur à la contestation sociale, ce que la direction voit d’un mauvais œil. L’idéal est le logement individuel.
De petites maisons galloises au Creusot
Quand les Britanniques Manby et Wilson rachètent la fonderie en 1826, ils font venir des ouvriers de Grande-Bretagne afin de travailler dans leur nouvelle usine. Pour les loger, ils font aménager la cité de la Combe des Mineurs. Cet ensemble de 41 logements en briques recouvertes de chaux reprend un modèle importé du Pays de Galles : des maisons à deux niveaux construites à flanc de colline et possédant un accès direct sur la rue à chaque étage. En face des logements, des appentis servent d’annexes. En 1850, on y compte en moyenne 5 habitants par logement de 23 mètres carrés.
Vers le modèle de la cité-jardin
Schneider et Cie construit la cité des Pompiers en 1860, il s’agit d’un ensemble de 12 maisons à étage, comportant chacune 2 logements par niveau. Puis, en 1865 et 1875, l’entreprise aménage successivement la cité de la Villedieu pour les mineurs et la cité Saint-Eugène pour les ouvriers, des cités constituées de maisons individuelles avec jardin à l’arrière. Les rues des quartiers sont baptisées en fonction de l’actualité politique de l’époque ou de la vie de l’usine. À la Villedieu, les rues portent les noms de batailles remportées par Napoléon III, alors au pouvoir (rue de Solférino, rue de Sébastopol). À Saint-Eugène, on trouve les noms de contrées plus exotiques, au moment où l’empire colonial français commence à se constituer (rue d’Algérie, place du Tonkin, etc.).
Lors des expositions universelles auxquelles Schneider participe, les maquettes des cités sont exposées et vantées comme réalisations sociales. En effet, la fourniture de logements permet à l’entreprise de maintenir la main d’œuvre sur place et de garder une certaine paix sociale. Cependant, ce ne sera pas le seul système mis en place par les forges. Les Établissements Schneider vendront également des terrains à bâtir aux salariés, tout en leur proposant des prêts à des conditions avantageuses.
Différents types de logements pour différentes catégories de personnels
En plus des cités ouvrières, des logements pour les employés et les cadres sont construits. En 1905, la cité Saint-Sauveur est aménagée : autour d’une avenue plantée d’arbres, les maisons mitoyennes avec jardins clos de grilles ont une allure de pavillons. Enfin, en haut de la hiérarchie de l’usine, les cadres supérieurs et les directeurs se voient attribuer des maisons cossues avec toitures en ardoise, intérieurs lambrissés, parc arboré.
Le Creusot ayant été bombardé en 1942-43, deux dernières cités sont réalisées après la Seconde Guerre mondiale pour faire face à la crise du logement, les cités Françoise et Jean Schneider, qui offrent aux habitants le confort moderne.

La Maison des patrimoines
Mêmes si certaines maisons ont pu être transformées par leurs propriétaires, les cités ouvrières du Creusot sont encore bien présentes et font la particularité de plusieurs quartiers de la ville. Dans la cité Saint-Eugène, rue des Colonies, une maison a été préservée et reconstitue ce que pouvait être l’habitat ouvrier au début du siècle dernier. Siège des Nouvelles Éditions du Creusot, elle accueille aussi des expositions.