La création des mines de charbon de Montcenis dans la seconde moitié du XVIIIe siècle attire les curieux, scientifiques et ingénieurs, dans cette contrée de Bourgogne. En visitant les mines, ils constatent la qualité du charbon apte à produire du coke, le combustible utilisé dans les hauts-fourneaux.
La Fonderie royale, fournisseur des armées du Roi
En 1781, William Wilkinson et Ignace de Wendel, à la recherche d’un site pour établir une fonderie, portent leur attention sur le hameau du Creusot. Le ministère de la marine décide alors la construction d’une fonderie qui utiliserait les nouvelles techniques mises au point en Angleterre au début du siècle.
Dans la plaine des Riaux, on élève à partir de 1782 une nouvelle usine, avec ses ateliers, ses fours, des logements pour les ouvriers, le tout suivant le plan symétrique d’un château. La fonderie royale devient un lieu d’innovations techniques. On y utilise des machines à vapeur et c’est là qu’est réalisée, en 1785, la première coulée de fonte au coke en France et en Europe continentale.
L’usine fabrique des canons par la marine royale, des tuyaux en fonte et des pièces d’architecture, comme la coupole de la halle au blé de Paris restée célèbre. Mais l’industrie est encore balbutiante et la fonderie doit faire face à des difficultés financières à plusieurs reprises.
Une forge à l’anglaise
En 1826, la fonderie devient la propriété de deux industriels anglais, Manby et Wilson. Ils agrandissent les ateliers, ajoutent une forge à l’anglaise et des laminoirs. Les usines du Creusot fournissent en 1827 les premiers rails des chemins de fer construits en France. Cela n’empêche pas l’entreprise de faire à nouveau faillite en 1833.
En 1836, la fonderie et la forge sont rachetées par les frères Eugène et Adolphe Schneider et leurs investisseurs. Les nouveaux maîtres de forges entament rapidement le développement de leur nouvelle entreprise. Dès 1838, les premières locomotives à vapeur sortent des ateliers, marquant ainsi le début de l’épopée des établissements Schneider du Creusot.
Devenus inadaptés, les bâtiments originels de la fonderie sont démolis au milieu du XIXe siècle pour laisser place à de nouveaux ateliers. Deux des édifices alors reconstruits ont été préservés et accueillent de nos jours le centre universitaire Condorcet et la bibliothèque universitaire.