Du hameau à la ville-usine
Au milieu du XVIIIe siècle, Le Creusot n’est qu’un simple hameau. Depuis longtemps déjà, à Montcenis, village tout proche, la population connaît l’existence de la Charbonnière, terrain où le charbon de terre affleure au niveau du sol et que l'on collecte pour un usage local. Une activité sidérurgique existe aussi dans la région, avec la présence de petites forges.
Un homme, François de la Chaise, a l’idée d’organiser l’exploitation des premières mines. En 1769, il reçoit l’autorisation d’exploiter une large concession minière qui recouvre toute la région. Malgré les difficultés techniques, le charbon extrait est reconnu pour ses qualités : il est possible de le transformer en coke, le combustible utilisé dans les hauts-fourneaux. Les investisseurs s’intéressent alors à la région et, en 1781, une fonderie est créée au lieu-dit Le Creusot. Cette nouvelle usine est à la pointe du progrès, on y utilise pour la première fois les nouvelles techniques anglaises (fonte au coke, machine à vapeur…). Peu de temps après, une cristallerie s’installe à proximité. Une nouvelle commune est fondée en 1793. C’est la naissance officielle de la ville du Creusot.
Au début du XIXe siècle, une forge à l’anglaise est ajoutée à la fonderie. En 1836, l’usine en faillite est rachetée par les frères Adolphe et Eugène Schneider. Ils trouveront rapidement le chemin du succès, faisant de leur entreprise une des premières du pays. Mettant en place une organisation paternaliste, ils se chargent de construire logements, écoles, hôpital. La ville s’organise progressivement autour des ateliers, lui conférant son caractère particulier : une ville qui s’articule autour de son cœur industriel, sans véritable centre.
Les productions se diversifient : acier, production mécanique (locomotives, bateaux), armement, puis matériel électrique. Les quartiers et la population grandissent en même temps que les ateliers : 1 850 ouvriers en 1838, 9 400 en 1870, 19 600 en 1918, 12 000 en 1929. Cela vaudra au Creusot d’être bombardé à deux reprises pendant la Seconde Guerre mondiale.
Après la période des Trente Glorieuses, les usines Schneider, entre-temps rebaptisées S.F.A.C., puis Creusot-Loire, souffrirent de la crise de la sidérurgie. En 1984, Creusot-Loire fait faillite. C’est un véritable choc pour la ville et la région. Les différentes branches du groupe sont reprises par d’autres sociétés, ce qui permet à la ville de rebondir.
Après plus de deux siècles de développement industriel, la ville du creusot possède un patrimoine unique. Le découvrir, c’est revivre toute cette épopée industrielle.